Fontaine-sur-Somme : 7 ans pour sauver l’église de Vieulaines
Depuis sept ans, des bénévoles se mobilisent pour tenter de sauver la petite église de Vieulaines. Des efforts récompensés : les premiers travaux vont être lancés début septembre.
11 septembre 2023 : cette date, les amoureux du patrimoine de Vieulaines, hameau rattaché au village de Fontaine-sur-Somme (Somme), l’ont cochée soigneusement sur leur calendrier.
Ce jour-là, ils l’attendent depuis longtemps : sept ans, pour être précis, depuis qu’ils se sont réunis en association pour tenter de sauver l’église du hameau.
Près des lieux d’un crime resté célèbre
Cette église, située à proximité d’un château resté célèbre pour un crime qui y a été commis, fait partie des joyaux méconnus du patrimoine de la vallée de la Somme.
Il fait aussi partie de ces joyaux que le temps n’a pas épargnés. Il suffit d’y entrer pour s’en rendre pleinement compte…
« C’est la dernière fois qu’on peut la visiter avant les travaux ! »
Michelle Ros-Dupont, présidente de l’association de sauvegarde de l’église de Vieulaines (ASEV)
Chacun pourra « signer » la toiture de l’église
Les travaux commenceront à l’occasion des Journées du Patrimoine. Ce week-end-là (les 16 et 17 septembre), chacun pourra venir signer l’une des très nombreuses ardoises nécessaires pour la couverture, devenant ainsi (pour 5 €) un parrain de cette première campagne de restauration. Une manière symbolique pour la population de s’approprier ce joyau méconnu du patrimoine, mais aussi une manière de récolter des fonds pour financer les nombreux travaux de l’ASEV.
Cette visite, dont une trentaine de personnes ont profité, a eu lieu à l’occasion de la traditionnelle fête de Vieulaines du 15 août.
Et tandis que résonnaient les sons du bal populaire à quelques centaines de mètres, c’est une tout autre atmosphère qui régnait à l’intérieur de l’église, fermée la plupart du temps comme c’est le cas depuis huit décennies…
« On n’y célèbre plus de messe depuis la Seconde Guerre mondiale. À vrai dire, elle n’a cessé de se dégrader au cours des dernières décennies… »
Michelle Ros-Dupont
La voûte et plusieurs fenêtres en très mauvais état
La présidente de l’ASEV en veut pour preuve un vitrail remarquable (et classé) en forme de soleil, que des photos des années 1970 montraient intact, et dont une moitié avait disparu lorsque les bénévoles ont créé l’association.
« Sept ans plus tard, il n’en reste qu’un quart, pointe du doigt Michelle Ros-Dupont. On espère bien retrouver les morceaux manquants lorsque nous ferons des travaux… »
Ce vitrail endommagé n’est qu’un élément parmi beaucoup d’autres des dégâts qu’a subis l’édifice. Et pas le plus spectaculaire.
La belle voûte en torchis peinte en bleu qui domine le chœur semble ainsi sur le point de s’effondrer, et l’une des fenêtres du chœur ne plus tenir que… par l’opération du Saint-Esprit.
« C’est spectaculaire, reconnaît la présidente, mais les spécialistes affirment que l’édifice est stable : seul le mur côté clocher est jugé dangereux. »
« On dit que c’était l’église du château, je n’en suis pas si sûre. »
Cette stabilité de l’édifice a été la première bonne surprise lorsque l’ASEV a commencé son travail : elle permettait d’aller plus loin et d’envisager des travaux de sauvegarde.
Mais dans ce genre d’affaires, le temps joue contre les bonnes volontés. Et pendant que les bénévoles se mobilisaient avec ténacité pour réunir les financements, l’édifice continuait à subir des dégradations.
« Ça a été long, mais on y est », souffle Michelle Ros-Dupont, qui peut se réjouir d’avoir mobilisé tous les partenaires possibles, en partenariat avec la commune (et les trois maires qui se sont succédé au cours des sept dernières années).
« Grâce notamment à la Région, et à l’accord de la Préfecture, les travaux hors taxes de la couverture (près de 100 000 €, NDLR) sont subventionnés à 100 %, c’est exceptionnel », se réjouit-elle.
100 % de subventions pour la couverture
Cette campagne de travaux, attendue depuis sept ans, est en fait espérée depuis… cinquante ans ! En 1973, déjà, des démarches avaient été menées pour réhabiliter l’église, à l’initiative du Syndicat d’Initiative local.
Ces démarches avaient notamment permis le classement de l’édifice au titre des Monuments Historiques, mais les travaux n’avaient pas abouti.
« Il y a toujours eu des problèmes dans cette église, au moins depuis son principal agrandissement à la fin du XVIIe siècle, après que le prêtre s’est plaint de l’humidité qui y régnait », souligne Michelle Ros-Dupont, dont le passé d’universitaire a été précieux pour mener à bien les démarches administratives, mais aussi dans les recherches historiques.
Y a-t-il de l’eau sous l’église ?
« L’église n’a pas livré tous ces secrets ! », assure-t-elle. « On dit ainsi qu’elle était à l’origine l’église du château, mais je n’en suis pas si sûre. Je n’ai en tout cas trouvé aucun document qui le prouve. »
D’autres mystères demeurent sur les origines et le mobilier qui était autrefois présent dans l’église. Sur l’origine de l’humidité qui ronge les murs, aussi, même si l’important remblai côté Sud pour aménager le cimetière a eu un impact. Une étude hydrogéologique est d’ailleurs en cours pour déterminer si de l’eau passe sous l’église, avant d’envisager une deuxième campagne de travaux.