Abbeville : deux étudiantes de retour d'une mission humanitaire au Bénin
Deux étudiantes d'Abbeville reviennent d'une mission humanitaire au Bénin pendant un mois. Janelle et Laureen reviennent sur cette expérience inoubliable et enrichissante.
Janelle Morambert et Laureen Randriamarotia, deux jeunes filles d’Abbeville (Somme) étudiantes à la faculté de médecine d’Amiens, sont parties au Bénin avec l’association Solimeda, composée de douze étudiants.
L’organisation du voyage
Solimeda (Solidarité Médecine Amiens) est une association créée en 2006 par un groupe d’étudiants voulant se lancer dans des missions humanitaires à l’étranger, notamment auprès des écoles.
Jusqu’alors, ils allaient souvent à Madagascar, mais ils ont décidé de changer de destination pour la première fois, ce qui les a poussé à repartir de zéro pour l’organisation du voyage.
Tout d’abord, ils ont dû choisir une destination, or les critères à respecter étaient nombreux : il fallait un pays francophone dans le besoin, accessible en avion et qui rentrait dans le budget. Il fallait ensuite trouver des contacts sur place, notamment des associations et des logements, mais aussi préparer les déplacements et les repas des semaines à l’avance car l’accessibilité aux services n’est pas du tout la même qu’en France.
Pas de supermarchés, pas de vraies routes
« C’était très compliqué de planifier nous-même nos interventions car les écoles locales n’ont même pas de numéro de téléphone. C’est pour ça qu’on a beaucoup collaboré avec des associations sur place. Il fallait aussi tout anticiper car il n’y a pas de supermarchés pour les courses et les repas. Il n’y a pas non plus de vraies routes partout donc les trajets sont à prévoir en détail » expliquent les deux étudiantes abbevilloises.
Il y a également eu de nombreuses opérations de levée de fonds tout au long de l’année scolaire, telles que des ventes de crêpes ou de cornets de frites, l’organisation d’une soirée patinoire, ou encore de tournois sportifs. L’association a aussi bénéficié de dons privés et de subventions de différents organismes (CROUS, UFR Médecine, FSDIE, MACSF, CVEC, FAEP…).
Les étudiants ont par la suite préparé leurs interventions auprès des enfants béninois en faisant des récoltes de vêtements, de livres, ou encore de jouets, et en élaborant des formations sur plusieurs thèmes (hygiène corporelle, drogues, IST, sexualité…).
Au cours de l’année, ils se sont rendus dans plusieurs écoles en France pour dispenser les formations aux élèves car ils voulaient étendre leur action au maximum, même au-delà de leur voyage au Bénin.
Médecine préventive et vaccins
Enfin, ils ont eux-mêmes dû être préparés avant leur départ avec des sessions de médecine préventive et quelques vaccins.
Malgré l’énorme charge de travail à fournir en amont du voyage, les étudiants étaient loin d’être découragés, ils étaient au contraire toujours aussi motivés qu’au début de l’année. « J’ai toujours voulu faire un voyage humanitaire au moins une fois dans ma vie, d’autant plus avec une asso étudiante. Je voulais aussi développer mon contact avec les autres car c’est un aspect très important dans le métier de médecin, mais on y est peu préparé » confie Janelle, présidente de l’association.
Dans les écoles pour des formations
Est ensuite arrivé le jour du départ, marquant le début d’une expédition d’un mois au travers du Bénin. Leur principale mission était de se rendre dans des écoles pour animer des formations et des ateliers, répertoriés en fonction de l’âge. Les plus jeunes étaient informés sur l’hygiène du corps, l’alimentation et les métiers du monde médical.
Les adolescents suivaient des interventions sur la puberté, les IST, l’hygiène sexuelle et la contraception. Les adultes ont également reçu des formations, notamment sur les gestes de premiers secours.
« Plusieurs de nos formations se sont avérées très utiles : par exemple la sexualité est un sujet tabou là-bas donc les jeunes n’y étaient pas du tout sensibilisés, les adultes ne connaissaient pas du tout les gestes de premiers secours. Même si certains groupes n’étaient pas très attentifs, la plupart des enfants faisaient chaud au cœur. Ils étaient heureux de découvrir plein de choses, ils pouvaient se transformer en petits médecins ».
« Ce n’est pas la même vie, il faut parfois accepter de sauter des repas »
Les étudiants ont toutefois rencontré plusieurs difficultés, tout d’abord dans les écoles. Le voyage est tombé pendant une période de vacances scolaires au Bénin donc certains enfants ne pouvaient pas venir, et ils ont aussi été confrontés à la barrière de la langue à plusieurs reprises.
Même si la langue nationale est le français, c’est le dialecte local (le fon) qui prédomine dans les villages.
Les soucis de santé ont également été au rendez-vous, les 12 étudiants devant faire face à la chaleur, la fatigue et les maladies. Trois d’entre eux ont été touchés par le paludisme, or l’accès aux soins peut être très compliqué.
Ce sont cependant les bons souvenirs qui prédominent. En dehors de leurs missions, ils ont eu l’occasion de découvrir la richesse et la culture du pays à travers de nombreuses visites.
Ils ont pu explorer le Palais royal d’Abomey, le Temple des Pythons, la route de l’esclavage, ou encore la ville de Ganvie.
« Il y a un avant et un après Bénin » . Les deux étudiantes
Cette dernière a particulièrement marqué les étudiants car c’est une ville bâtie intégralement sur l’eau, les habitants se déplacent uniquement en pirogue ou à la nage.
Ils ont également pris conscience des conditions de vie difficiles de la population, » ce n’est pas la même vie, il faut parfois accepter de sauter des repas » racontent les deux Abbevilloises.
Une autre étape de leur périple qui les a beaucoup marqués a été leur dernière semaine passée à Parakou, où ils ont été accueillis par l’association ABSSF (Association Bénin Solidaire Sans Frontières). Ils ont été hébergés dans des familles béninoises et ont été émerveillés par leur gentillesse.
« On était 12 dans leur maison et ils nous donnaient tout de bon cœur, ils faisaient preuve d’une grande solidarité » admire Laureen, trésorière de Solimeda.
Les deux jeunes filles reviennent ainsi d’un mois enrichissant qui a changé bon nombre de leurs perspectives. « On voit la vie différemment, il y a un avant et un après Bénin. La vie paraît beaucoup plus simple, on a arrêté de se plaindre pour un rien, même prendre une douche paraît merveilleux. On avait beaucoup d’appréhension avant la mission mais ça a été une expérience incroyable, on refera de l’humanitaire sans hésitation. »
Après une année sans répit, l’association est déjà prête à entamer la prochaine avec des étudiants toujours aussi investis. Ils ont prévu de partir en mission à Madagascar en récoltant encore plus de dons durant l’année, et envisagent même de participer à la réalisation d’une construction sur place.